Parques de Sintra fait l'acquisition de nouvelles pièces pour le Palais National de Queluz, dont un portrait inédit de João VI
19 nov. 2024
Afin d'enrichir la collection du Palais National de Queluz, Parques de Sintra a acheté trois nouvelles pièces importantes qui vont contribuer à l'interprétation historique de ce monument et de son époque. Le lot représente un investissement total d'environ 100 000 euros. L'entreprise a fait l'acquisition d'un portrait inédit du roi João VI, alors qu'il était encore prince régent, réalisé par le célèbre peintre français Henri-François Riesener. Un autre achat remarquable est une horloge contemporaine de la Révolution française ayant un lien surprenant avec Louis XVI et qui a appartenu à la reine Carlota Joaquina. Ce lot comprend également un tableau de la Vierge Marie signé de la princesse Maria Francisca Benedita, rare témoignage de son intérêt pour la peinture.
Un portrait inédit d'un roi qui détestait poser pour les peintres
En mars 2024, un portrait du roi João VI qui n'avait jamais été mentionné nulle part est apparu lors d'une vente aux enchères en Allemagne et a depuis été acheté par Parques de Sintra pour le palais national de Queluz, dont l'histoire est profondément liée à la vie de ce monarque.
On doit cette œuvre, qui date probablement de 1815, à Henri-François Riesener, oncle d'Eugène Delacroix, qui a notamment peint, entre autres illustres figures, Napoléon Bonaparte, l'impératrice et le prince Eugène de Beauharnais. Si elle présente de nombreuses similitudes avec le portrait de João VI qui se trouve au musée du Trésor royal, elle a toutefois été réalisée plus tôt et dépeint le roi alors qu'il était encore prince régent, indiquant symboliquement du doigt le Portugal continental sur un globe terrestre posé sur une carte représentant le Brésil : un geste d'affirmation politique, dans une allusion manifeste à l'union des deux territoires.
Selon les recherches menées par l'équipe du Palais National de Queluz, le tableau est vraisemblablement une commande du marquis de Marialva, alors ambassadeur du Portugal à Paris, et a dû être réalisé d'après des documents iconographiques, tels que des gravures, et la description orale que le marquis aurait donnée du roi, puisque João VI n'aimait pas du tout poser pour les portraits, pour autant que l'on sache, et que Riesener ne s'est jamais rendu au Brésil, où la famille royale résidait depuis 1807, suite aux invasions napoléoniennes.
Prochainement, dans le cadre des révisions muséographiques en cours de préparation pour le Palais de Queluz, l'œuvre sera exposée dans les appartements qu'occupait le roi.
© Philippe Mendes
La curieuse horloge de la reine Carlota Joaquina
La reine Carlota Joaquina, épouse du roi João VI, est une autre figure incontournable de l'histoire du Palais National de Queluz, où elle a habité dès son plus jeune âge. La collection du monument abrite désormais un autre objet lui ayant appartenu et qui a un lien curieux avec Louis XVI. Il s'agit d'une horloge de fabrication française qui, selon les recherches effectuées par l'équipe du palais, a été produite en 1790, entre la Révolution française (1789) et la mort de Louis XVI (1793).
Telle une maquette, la pièce néoclassique reproduit l'obélisque érigé à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales), à l'initiative du comte de Mailly, en l'honneur de Louis XVI, roi déchu et guillotiné par les révolutionnaires. Le monument existe toujours, mais il a perdu beaucoup de ses ornements. Cette horloge, dont le mécanisme est habilement dissimulé, nous permet ainsi de savoir à quoi ressemblait le monument autrefois, malgré les quelques adaptations à la réalité portugaise. En effet, le globe métallique, qui couronne l'obélisque en marbre et qui indique l'heure, est orné d'une carte du Portugal continental. Il porte également des inscriptions en portugais, dont des extraits d'un chant des "Lusiades" de Luís de Camões et d'une lettre au roi João III d'un autre poète, Francisco de Sá de Miranda.
Ces particularités confèrent à la pièce une forte valeur symbolique et politique, car les textes qui y sont gravés dénotent une glorification du pouvoir royal, en quelque sorte une réaction à la Révolution française et un signe de soutien du monarque portugais à son homologue français. En ce sens, il pourrait s'agir d'un cadeau offert à João VI pour marquer le moment où il a pris la régence du royaume en 1792. Par la suite, l'objet est passé aux mains de la reine Carlota Joaquina, qui l'a installé dans son palais de la Quinta do Ramalhão, à Sintra, où il a été inventorié en 1829.
L'horloge sera maintenant restaurée et à l'avenir fera partie du circuit d'exposition du palais national de Queluz.
© Leiloeira S. Domingos
Le souvenir d'une princesse qui aimait peindre
Ce palais fut également l'un des lieux de prédilection de la princesse Maria Francisca Benedita, sœur cadette de la reine Maria Ire, qui y vécut de 1746 à 1829. En dehors des activités philanthropiques pour lesquelles elle s'est fait connaître, la princesse cultivait un intérêt pour la peinture. Elle aurait même pris des leçons avec le peintre Domingos Sequeira, mais il reste peu de témoignages de cette passion.
L'acquisition récente, pour le Palais National de Queluz, d'un tableau de la Vierge Marie signé de la princesse Maria Francisca Benedita revêt donc une importance majeure, car il s'agit d'un exemple typique des œuvres qu'elle peignait : de petits formats figurant des saints ou des scènes à caractère religieux, destinés à la dévotion privée, à placer dans une chambre ou un oratoire.
Ce tableau, probablement réalisé avant la fuite de la famille royale pour le Brésil (1807) et le seul connu qui soit peint à l'huile sur cuivre, nous a permis, par ailleurs, d'attribuer à la princesse une œuvre anonyme de la collection originelle de Queluz, au regard de ses caractéristiques communes : il se trouvait dans l'oratoire des appartements de João VI et représente saint Joseph et l'enfant Jésus.
Au fil des années, Parques de Sintra a développé une politique soutenue d'acquisitions pour les palais dont elle a la gestion, un investissement qui a déjà dépassé le million d'euros. Parmi les pièces achetées, citons une vue panoramique de la Quinta de Queluz de la fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle (Palais National de Queluz), un plateau en vermeil datant de 1548 et provenant de la collection du roi Ferdinand II (Palais National de Pena), un lit d'apparat avec des éléments décoratifs en argent de la seconde moitié du XVIIe siècle (Palais National de Sintra), ainsi qu'un relief en marbre représentant une Vierge à l'Enfant du sculpteur italien de la Renaissance Gregorio di Lorenzo (Palais de Monserrate) – provenant de la collection de sir Francis Cook, ancien propriétaire de Monserrate, cette pièce a été classée "Trésor national" en 2021.
© Veritas Art Auctioneers